Novembre 1999, nouvellement installé à Pau depuis tout juste un mois, je suis invité à venir manifester pour le tout nouveau grand combat de mon tout nouveau statut social : la baisse de la TVA de 19,6 % à 5,5 % pour les restaurateurs. Le mobile est que la fast food, Mac Do en tête, a réussi à bénéficier, je ne sais par quelle malversation politique de ce taux préférentiel. Présenté comme cela, l’innocence de mon jeune âge aidant, et étant enjoué à l’idée de faire connaissance avec mes nouveaux comparses locaux, je me laissais embarquer tôt ce lundi matin via Biriatou pour mon premier acte contre la république française du président Chirac. Ce matin donc, mon statut de jeune dernier en âge et en expérience patronale faisant, je fus dispensé de toute responsabilité dans l’organisation et le déroulement de cette journée. Mon C15 diesel que mon père m’avait vendu à prix très avantageux après dix années de chasse et d’artisanat acharnés avait un droit de répit en ce début de journée. Si je n’ai aujourd’hui aucun souvenir de la météo de ce lundi-là, je ne pourrais jamais sortir de ma mémoire la voiture qui vint me chercher. Je partais crier à l’opinion publique, via les médias, que moi et mes confrères crevions la faim à bord d’une superbe Jaguar. L’énergumène placé au volant de la flamboyante auto n’était autre que le numéro deux du syndicat à l’échelle locale.